Inspiratrice d'équilibres

Hommage à Annick de Souzenelle

Le 11 août 2024, une grande dame nous a quittés : Annick de Souzenelle est partie rejoindre les étoiles.

Même si on ne peut pas dire, vu son âge (101 ans) que c’est une surprise, cela m’a quand même fait un choc.

Annick fait partie des personnes qui m’ont le plus influencée. J’ai suivi plusieurs stages avec elle, j’ai écouté des conférences et j’ai aussi tenté de lire ses livres. “Tenté”… elle riait elle-même du fait qu’ils n’étaient pas toujours très intelligibles.

Quelques souvenirs…

Je partage ici quelques souvenirs qui me restent de cette personne lumineuse, pleine de joie et de modestie :

Telles ces journées à Lyon, devant un amphi plein, sur le thème du Serpent. Elle arrive l’après midi, après la sieste, et c’est une vieille femme appuyée sur sa canne, au bras de l’attentive et fidèle Suzanne Renardat (à qui je pense beaucoup en ce moment). Elle s’assied, et se métamorphose. Deux heures de parole claire, forte, inspirée, sans aucune note. “Autre chose” parle à travers elle.
Et cette conclusion sobre et profondément sincère :

“Mes amis je ne sais si je vous reverrai, mais sachez que vous m’accompagnez tous les jours”.

C’est effectivement la dernière fois que je l’ai vue.

Tel aussi ce stage de plusieurs jours, en Dordogne, avec mes deux amies Céline et Céline. Elle vient vers nous avec un grand sourire et son tutoiement facile, et après plusieurs minutes de communication directe, elle conclut la discussion dans un éclat de rire :

“Mes amies vous ne pouvez pas savoir, je meurs dans la joie !”

Une des leçons d’Annick c’est que la vie peut et doit rester savoureuse, joyeuse, utile jusqu’à la fin. C’est pour moi l’image même de la vieillesse sage et heureuse – ce qui n’exclut pas les bobos, les douleurs, les angoisses, les deuils et les pertes. Elle ne cherchait pas à être parfaite, ou à donner l’illusion qu’elle était parfaite. Elle était sincère, authentique, dans sa parfaite imperfection dont elle tirait leçons personnelles et enseignements pour tous.

Annick était modeste. Elle avait mis son ego au pas. Elle ne s’était pas laissé aveugler par la lumière, l’admiration et le succès.

D’autres n’ont pas eu cette sagesse.

Elle ne craignait pas d’aller visiter ses coins d’ombre et ses “animaux”.

Ah, Annick de Souzenelle et ses animaux…

Si j’ai un message à retenir d’Annick, c’est celui-là. D’autant plus qu’il rejoint (et ça m’a toujours beaucoup interpellée) la notion des animaux en BaZi.

Les Animaux en BaZi

En BaZi, les animaux du zodiaque chinois sont dans les Branches Terrestres.

Cette partie basse du diagramme correspond à ce qui est caché, inconscient, secret, potentiel non encore réalisé, refouléCe sont les croyances, les valeurs, les structures qui sous-tendent notre action.

Les Animaux chez Annick de Souzenelle

Les Animaux, dans l’enseignement d’Annick, ou du moins ce que j’en ai compris, ce sont nos pulsions, nos émotions qui parfois nous embarquent. Nos démons intérieurs, en quelque sorte.

Sophie, réalisant qu’un responsable  hiérarchique s’est approprié son travail, commence par un état de sidération. Puis très vite, elle se sent brûler d’une colère que rien ne vient calmer.

Peut-être ce responsable hiérarchique devrait-il aussi aller rendre visite à ses propres animaux…Mais pour Sophie, l’animal qui se réveille dans sa cage et rugit férocement, c’est la colère.

Ces animaux, ils sont tapis dans l’ombre de l’inconscient. Si nous les laissons en cage, si nous les refoulons, loin de se taire et de se calmer, ils vont continuer à tout dévaster. Ils vont prendre le dessus et prendre le contrôle de nos actions. Telles ces personnes qui, pour une priorité routière refusée, finissent par tabasser la personne qui leur a barré la route. Ou battre leur femme, leurs gosses ou leur chien.

“Aller voir nos animaux pour intégrer leur énergie”, à mon sens, cela signifie aller à la rencontre de ces émotions dévastatrices, les prendre pour des messagers :

“Tiens, ma colère, mais qu’est-ce que tu cherches à me dire ? De quoi es-tu le révélateur ?”

De fil en aiguille, on avance plus profondément dans la connaissance de soi. En comprenant les ressorts sous-jacents de ces émotions, on en reprend le contrôle…. Sans les refouler.

Aller à la rencontre de ses animaux évite de “refiler le mistigri” soit à ses descendants (liens transgénérationnels) soit à ses vies postérieures (liens karmique).

 

Finalement c’est aussi cela, intérêt des BaZi : mieux comprendre ces forces primordiales qui nous actionnent malgré nous, afin d’en reprendre le contrôle.

 

L’adversaire : celui qui se tient de l’autre côté

Un autre souvenir sur l’enseignement d’Annick, sa définition de l’adversaire. J’y pense souvent dans les moments où je suis aux prises dans un conflit. Les milieux de l’énergétique ne sont pas forcément des milieux où règne la zénitude, en réalité !

Car l’adversaire, pour Annick c’est l’ad-versaire : celui qui se tient de l’autre côté, sur l’autre versant de la réalité. On le voit comme un ennemi, parfois le Diable, mais ne vaudrait-il pas mieux le prendre comme celui qui nous force à adopter un autre regard sur la situation, à voir quelque chose que nous ne voulions pas voir ? Et ainsi, à repérer nos fameux animaux…

On retrouve aussi cette notion dans les BaZi avec les “parallèles” : +// est l’alter ego, de même élément et polarité. Il a le même point de vue, mais… convoite la même chose que nous. Le “-//” est nommé “parallèle inamical”, il est parfois vu comme un ennemi, un concurrent… mais parfois il voit seulement les choses sous un angle différent.

Vivre à la verticale / vivre à l’horizontale

Voilà une autre phrase clé  dans l’enseignement d’Annick de Souzenelle, qui rejoint à mon sens ce  que nous évoquions avec Audrey Chapot dans notre dialogue “reprendre sa place entre Ciel et Terre”

Vivre à l’horizontale, c’est rester sur un plan matériel et matérialiste.

S’élever à la verticale, c’est renouer avec l’axe Terre-Ciel.

Annick insistait bien sur un point : il ne s’agit pas de quitter le plan matériel. Nous sommes incarnés et devons respecter les lois de la matière… sans se laisser enfermer par elles.

L’épée de Saint-Michel

Dans cette quête de croissance à la verticale, pour devenir qui JE SUIS, le symbole de l’épée de Saint-Michel est un symbole majeur.

Symbole de cette verticalité, et donc de cette connexion Terre-Ciel à retrouver et reconnecter pleinement, ce n’est pas l’épée guerrière. C’est l’épée qui rectifie, qui invite au Juste, à la Justesse, à l’Ajustement. Elle est faite de Métal (qui discerne et coupe), mais aussi de Feu (qui développe la lucidité et la clairvoyance).

Annick racontait souvent cette anecdote :

“Il y a des années, je me promenais comme tous les soirs sur les bords de la Loire. Quand un jeune homme vint à ma rencontre. Arrivé à ma hauteur, il sortit un couteau et me menaça. Je ne sais plus ce qu’il voulait, mais j’ai eu très peur. Je ne sais trop ce que je lui dis, ni comment cela se fit, mais il finit par me donner son couteau et partir en courant sans rien me faire.
Je me suis demandé ce que signifiait cette rencontre. Et j’entendis : “Annick, quand as-tu manié le couteau pour la dernière fois ?”
Je compris alors que ce couteau pouvait être la parole, la parole qui blesse. Oui, je réalisais soudain qu’on pouvait tuer avec les mots”.

Ce que faisons à autrui, nous sera fait un jour. Car l’autre est une part de nous-même, et nous faisons tous partie de la même humanité. Telle était son message.

“Assieds-toi et écoute…”

Cette phrase, qui invite à un temps “Yin” si on fait le parallèle avec la tradition chinoise, est le pendant de “Lève-toi et marche !”, qui correspond plutôt au “Yang” (agir, aller de l’avant, partir à la conquête…).
Cette injonction invite plutôt à se poser. A écouter les autres, certes, mais avant tout soi-même (et j’ose dire aussi ses propres guides et alliés du côté de l’invisible).

“Il faut trois ans à l’humain pour apprendre à parler, mais trente ans pour apprendre à se taire et à écouter….” dis le dicton…

Pour finir…

Ce ne sont que quelques illustrations, dans le désordre, de ce qu’Annick de Souzenelle m’a transmis. Il y aurait certainement d’autres choses à souligner. Mais ces points là, m’accompagnent tous les jours.

Alors, ma très chère Annick, je te souhaite un très beau voyage et je sais que, de là où tu es, tu continues à nous guider avec ton Amour, ta joie pétillante, ta bienveillance… Et que longtemps encore raisonneront tes flèches, tes paroles justes et acérées comme l’épée de Saint-Michel, comme cet exemple :

“Comment aider les autres à prendre leur place ?” te questionnait une jeune femme.

“Commence par t’aider toi-même”, répondais-tu alors, dans une fulgurance qui clairement venait d’ailleurs. Cela en avait soufflé plus d’un…

 

“Voilà, mes amis….”

dirait Annick. C’était ainsi qu’elle concluait ses conférences.

 

PS : Malheureusement, je n’ai trouvé aucune photo libre de droits pour illustrer cet article mais vous trouverez sans difficulté des vidéos et ses livres sur internet.

Sa bibliographie :

Si son livre le plus connu est Symbolisme du corps humain, publié en 1991 chez Albin Michel, j’ai une préférence pour Va vers toi !, toujours chez Albin Michel, 2013. Sa page Wikipédia complète cette bibliographie…

 

 

Crédit photo : Pexels

4 Responses

  1. Bonjour Isabelle ,

    merci pour ce très beau témoignage du parcours d’Annick de Souzenelle qui a illustré avec toute sa grâce la phrase de C.G.Jung “celui qui regarde à l’extérieur rêve, celui qui regarde à l’intérieur s’éveille”
    jean-françois

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