Inspiratrice d'équilibres

Réouverture de Notre-Dame : ce que ça m’inspire

Synchronicité

Ce week-end,  nous avons fêté la réouverture de Notre Dame, après l’incendie des 15 et 16 avril 2019.

Cinq années de travaux après l’incendie (et ce n’est pas fini), j’ai quelques réflexions à vous partager. Ces réflexions sont venues dans une de ces synchronicités dont l’univers a le secret.

Il se trouve que ce weekend, j’arrive à la page de 188 du livre « Révolution Bambou », de Jeanne Pham Tran (éditions Équateurs, 2024). Je lis :

 » Le verbe « bâtir » (bastir) a d’abord signifié en ancien français « entrelacer, assembler, coudre, tisser ». Puis, le sens a dérivé et s’est élargi, passant du petit travail de couture à « la construction d’une clôture constituée de pieux entrelacés de brindilles », jusqu’à la « construction d’une maison, d’un édifice » »

Et maintenant, regardez le logo des journées « Retrouvons Notre-Dame » :

Il reprend les grandes lignes de la façade. Mais…vous n’y voyez pas un tissage ?

Un bâtiment tisse ensemble… Ciel et Terre !

Un édifice, et une cathédrale tout particulièrement, tisse ensemble… quoi au juste ?

Cela me ramène au songe avec lequel débute mon livre, « Nos lieux sont vivants », à paraître en mars 2025 chez le Lotus et l’Éléphant :

«Une maison agrafe ensemble Ciel et Terre.
Elle crée une bulle, une matrice. Cette matrice est destinée à vous protéger, et à vous accompagner dans un développement, sur un chemin qui doit vous guider et vous amener à votre juste place : vers qui vous êtes »

Ainsi, un lieu construit tisse, entrelace, arrime ensemble, Ciel et Terre. Voilà ce qui m’est apparu en songe.

Ce qui revient à reconnaître un caractère sacré dans tout lieu construit, dans l’acte de construire …et on ferait bien de s’en souvenir, quand on est bâtisseur, promoteur, architecte, constructeur, artisan…!

Ciel et Terre cherchent à s’unir

Il est des lieux où la Terre tend les bras vers le Ciel et cherche à s’unir à lui.

Les montagnes et les églises, avec leurs clochers.

Les cathédrales, avec leurs flèches.

Pour moi, il n’y a aucun lieu où c’est plus évident que dans une cathédrale gothique.

 

Le Style Gothique, un élancement vers le Ciel

On retrouve dans le Gothique cet élancement vers le Ciel, et toute la quête des bâtisseurs de cathédrales, en travaillant sur les systèmes de voûtes, de piliers, de contreforts, c’est cet élancement dans la verticale.

Le Gothique vise à rendre cet élancement perceptible depuis l’intérieur également, par le percement des épaisses murailles des églises romanes, pour renforcer encore cette présence du Ciel et de la Lumière. Ce percement, c’est la clé pour permettre à l’assemblée des Hommes, dans l’église, de communier avec le Ciel.

De cette quête, la Sainte Chapelle à Paris, constitue le manifeste :

Photo de Xuan Nguyen sur Unsplash

La recherche des bâtisseurs du Gothique, c’est déjà de permettre à l’homme de se verticaliser, via la proportion, les lignes verticales. Le regard s’élève forcément vers les voûtes…

Une machine énergétique

Une cathédrale, c’est aussi une véritable machine énergétique. Les bâtisseurs de cathédrales ont élaboré, depuis le Roman, un corpus méthodologique pour qu’une énergie particulière « résonne » dans l’édifice, pour connecter l’humain et le divin.

On parle d’onde de forme.

Dans ce corpus méthodologique, figurent plusieurs leviers :

Le choix du site

Pour la construction d’un édifice, cathédrale ou… simple demeure, le choix du site est primordial. C’est ainsi qu’on intègre la qualité du terrain, de la géologie …bref de ce qui se cache sous la surface, que le géobiologue, le géomancien, étudieront.

On retrouve, en Feng Shui, la qualité du Serpent, l’animal du centre dans nos animaux emblématiques.

Les édifices religieux réemploient souvent des sites païens

Les édifices religieux sont souvent fondés sur des sites anciens, qui s’effacent alors à leur profit. La construction s’apparente à une forme de palimpseste.

Le culte marial fonde les nombreuses « Notre-Dame ». Or, Marie possède de nombreux points communs avec toute un série de divinités :

  • Isis dans l’Égypte ancienne,
  • Déméter dans la Grèce antique,
  • Cybèle en Asie Mineure,
  • La Magna Mater à Rome,
  • Shakti dans l’Hindouisme,
  • Epona et Rhiannon chez les celtes…

J’ai un jour visité une chapelle intégrée dans un hameau dont l’histoire remonte à plus de 2000 ans. Le site est suffisamment signifiant pour qu’un pèlerinage  s’y déroule. Ce site comporte plusieurs mégalithes, indiquant qu’il s’agit d’un lieu de culte païen préalable au christianisme.

L’ambiance, la résonance à l’intérieur de la chapelle, étaient particulièrement hostiles, agressives. Il est clair que la chapelle a pris la place, sans trop d’égards ni de respect, d’un lieu de culte dédié à une autre divinité… La greffe n’a pas pris, et comme en médecine, la Terre cherche à chasser l’intruse (c’est-à-dire la chapelle). Bonjour les dégâts…

L’orientation, la mesure, la proportion …

Dans leur livre « Église Romane Chemin de Lumière » , Raymond Montercy et Jacques Bonvin abordent ces sujets de l’orientation, de la proportion (non, ce n’est pas toujours le nombre d’or, qui donne le meilleur résultat !) et des mesures.

Les bâtisseurs de cathédrales utilisaient une canne graduée, précisant les mesures applicables pour cet édifice (et uniquement pour lui !).

En effet, le mètre-étalon, tel que nous le connaissons, a été défini et précisé après la Révolution Française. Jusque là, de multiples mesures coexistaient : l’empan, la paume, le pied, la coudée, la canne, etc.

La pierre tombale d’Hugues Libergier, bâtisseur de la Cathédrale de Reims, présente les outils dont se servaient les architectes à l’époque (il est décédé en 1263) : l’équerre, le compas, la canne qui indique les unités de mesure utilisées.

Photo : Palauenc05, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons

L’équerre et le compas…

Petite remarque en passant :

  • L’équerre est en lien avec la Terre (la forme carrée)
  • Le compas est en lien avec le Ciel (le cercle)

On retrouve ici l’idée que l’objectif de l’acte de construire est de tisser ensemble Terre et Ciel.

Les rituels et l’intention

L’importance des rituels est notable, surtout dans un édifice religieux (mais pas seulement !)

Rituels

La construction d’un bâtiment, traditionnellement, est parsemée de différents rituels.

La plupart de ces rituels sont en lien avec un changement d’état, l’achèvement d’une étape et le passage à la suivante : pose de la première pierre, pose du toit, bouquet final, pendaison de crémaillère, inauguration,…

Traditionnellement, des prières et des bénédictions, font partie de ces rituels.

Intentions

L’intention du commanditaire imprègne le projet dès le départ. Énergétiquement, nombreuses en sont les conséquences !

Les intentions portées par les artisans, qui imprègnent la matière au fur et à mesure de l’avancée de leur œuvre, ont aussi un impact majeur. On adhère assez facilement à l’idée quand il s’agit d’une cathédrale…

C’est l’histoire bien connue  des trois tailleurs de pierre :

Un architecte-bâtisseur s’approche, sur le chantier d’une cathédrale, de trois tailleurs de pierre.
A chacun, il pose la même question : « Homme, qu’es-tu en train de faire ? »

Le premier lui répond :

  • « Je taille une pierre. C’est un métier dur, salissant et mal payé ! » Dans sa voix,  il y a de la résignation … Et dans ses yeux, il y a de la colère…

Le second lui répond :

  • « Je m’applique au mieux pour bien exercer mon métier de tailleur de pierre. » Et dans sa voix, il y a de la douceur …Et dans ses yeux, il y a de la loyauté..

Le troisième lui répond :

  • « Je participe à la construction d’une cathédrale. » Et dans sa voix, à celui-ci,  il y a de la lumière…Et dans ses yeux, il y a des paillettes…

A votre avis, lequel des trois engramme la meilleure énergie dans la matière ? Lequel choisiriez-vous, si c’était à vous de décider ?

Et pour Notre-Dame de Paris ?

L’intention

Nous passerons sur l’évidente tentative de récupération du politique. Nous passerons aussi sur les querelles entre anciens et contemporains, entre fidèles de Viollet-le-Duc et défenseurs d’un « raccord » à l’époque contemporaine. En France, nous aimons muséifier, figer, conserver… Mais n’oublions pas que la Vie suppose le Mouvement.

L’engagement ardent et lumineux des compagnons qui ont participé à la reconstruction de Notre-Dame se lisait assez bien lors de la cérémonie d’ouverture. Il est vrai qu’il s’agit-là de l’élite de corps d’état traditionnels, archi-motivés, parce qu’on ne participe qu’une fois dans sa vie à un tel chantier (et encore, pas toutes les vies !). Ces compagnons ne sont pas habitués à la lumière mais leur joie rayonnait visiblement !
En dehors de ce chantier d’exception, j’insiste : pour les chantiers du quotidien aussi, l’intention est aussi importante…

Les rituels

Le rituel d’ouverture de la cathédrale, après l’incendie et les travaux, a été filmé et rediffusé. L’arrivée des prélats en procession, Monseigneur Ulrich frappant trois coups la porte avec sa crosse, par trois fois, avec ces mots :

« Notre-Dame, ouvre tes portes !»

avant de pousser la porte.

J’ai trouvé particulièrement signifiant le fait que l’Archevêque s’adresse directement au bâtiment… Et je trouverais tellement logique qu’un tel égard ne soit pas réservé aux cathédrales, mais à tous nos bâtiments…

Le rituel de réouverture n’est pas le rituel d’ouverture ni de sacralisation. Seul l’autel n’était pas sacré, et a été sacralisé lors de la première messe. Ce faisant, il acquiert une vibration dont on pourrait considérer qu’elle le rend vivant, tout comme la Cathédrale, par son caractère sacré, est considérée comme une personne.

Une église n’est pas un lieu de vie

C’est un rappel utile : une église, une cathédrale, fait l’objet de rituels spécifiques qui la rendent impropre à l’habitation.

Avant d’aménager votre logement dans une chapelle, de caler votre tête de lit contre un autel, contactez les personnes compétentes du clergé, pour qu’ils accomplissent les rituels de désacralisation nécessaires.

Ce n’est pas parce qu’on n’y croit pas
Ce n’est pas parce qu’on ne voit rien…
Les rituels de sacralisation / désacralisation n’en sont pas moins agissants.

 

En conclusion : je suis au service du Ciel-Terre

Cette idée du tissage entre Ciel et Terre éclaire le sens que je mets à mon métier d’architecte d’intérieur holistique… Voici :

Je suis
Au service
Du Ciel et de la Terre
Au service de leur Harmonie
Rien ni personne n’y pourra rien changer
Qu’il en soit ainsi.

 

 

Crédits Photo pour l’image du haut : Photo de Sandip Roy sur Unsplash

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